Exposition « CRIE MAIS PAS TROP FORT »

Crie mais pas trop fort est une invitation à écouter des voix qui ne sont pas souvent entendues, à découvrir des histoires qui ne sont pas souvent racontées.

En marge de l’agitation de la scène photographique parisienne, Stéphane Cherix et La Pièce Blanche s’associent pour donner la parole à deux photographes émergentes qui travaillent sur leurs territoires. Federica Buccheri et Camille Chopin, à travers deux écritures photographiques éloignées, sont unies par une volonté commune : mettre au centre les questions identitaires qui traversent leurs peuples. Elles questionnent l’appartenance, l’identité et le lien émotionnel à une terre.

À travers une évocation intime et onirique, Federica Buccheri raconte sa Sicile lorsqu’elle en est loin. Ses images proposent une réflexion sur ce qu’est l’identité territoriale et sur la manière dont celle-ci est constamment ré-élaborée par notre mémoire émotionnelle.

Camille Chopin, quant à elle, bouscule nos idées reçues sur le Pays Basque en abordant la question queer en milieu rural. Ses portraits de Drag queens basques offrent une vision inédite de ce territoire, permettant de passer au-delà des images génériques que l’on retrouve habituellement.

© Federica Buccheri, Last night I dreamt about my land 2022-2024

© Federica Buccheri, Last night I dreamt about my land 2022-2024

Last night I dreamt about my land, Federica Buccheri (2022-2024)

Last night I dreamt about my land est un récit intime de la Sicile, où personnages et paysages appartiennent à un univers onirique fabriqué par la mémoire. Une mémoire qui est à la fois épisodique, puisqu’elle puise dans les souvenirs que l’on conserve de son propre passé, et émotionnelle, car elle se nourrit également des sensations ressenties dans la vie présente.

Suspendue entre le rêve et le souvenir, cette évocation de sa terre d’origine dévoile le mystère d’une mémoire qui, bien qu’elle s’efforce de rester fidèle à elle-même, n’est plus capable de faire la différence entre ce qui a été réellement vécu et ce qui a seulement été imaginé.

La démarche de re-construction de son identité devient un exercice méthodique lorsqu’on ne vit plus quotidiennement en contact avec sa terre. Ainsi, l’esprit associe les scènes dont il est témoin sur d’autres terres aux couleurs et aux odeurs de la sienne. Il se perd et se méprend dans les motifs d’une nature qui, tout en se diversifiant, se répète et finit par se ressembler toujours davantage. Comme si, selon un schéma de rimes croisées, visages et lieux dialoguaient à distance. Comme s’il existait toujours une correspondance entre une géographie et une autre ; un élément qui relie deux lieux apparemment éloignés.

Toutes les images n’ont pas été réalisées en Sicile, et pourtant elles en laissent deviner les formes. Leur décontextualisation permet de se projeter à la fois partout et nulle part, rendant les lieux intemporels ; elle permet de s’approprier chaque lieu et de le ressentir comme chez soi, tout étranger soit-il.

© Federica Buccheri, Last night I dreamt about my land 2022-2024

© Camille Chopin, Bai ala Bai 2024

Bai ala Bai, Camille Chopin (2024)

L’expression basque “Bai ala Bai” veut littéralement dire “oui ou oui”, et s’utilise pour dire qu’il n’y a pas de compromis, pas d’autre option : C’est ça ou rien.

Ancré au Pays-Basque, ce projet met en lumière celles et ceux qui prennent place et s’affirment avec conviction sur leur territoire et au sein de leur communauté. Il dresse le portrait des individus qui refusent de se résigner et qui choisissent de vivre leur identité sans compromis, quelle qu’elle soit. De la marginalisation à l’acceptation, la photographe documente ce chemin courageux et inédit que certain.e.s ont décidé d’emprunter. Car les combats d’aujourd’hui sont les fondements des droits de demain.

Cette série concerne les membres du cabaret de Drag « Altxalili ». Huit jeunes originaires de différents villages du Pays Basque intérieur se sont unis pour monter sur scène et revendiquer le fait d’être queer sans pour autant renier leur identité basque, bien au contraire. En jouant ce Drag show dans les zones dans lesquelles iels ont grandi, iels aspirent à devenir les modèles qui jusqu’ici n’existaient pas sur ce territoire profondément rural.

Les cartes postales, archives iconographiques du Pays Basque, d’abord source d’inspiration, sont ensuite devenues un élément central. Chaque personne a pu choisir le lieu et le contexte de la prise de vue de son portrait. Ont été évoqués de manière quasi exclusive la maison, la montagne et l’agriculture, qui sont des symboles puissants de la culture basque. Ces images d’archives tissent donc un lien entre les représentations contemporaines et anciennes du peuple basque, créant ainsi une continuité visuelle et culturelle.